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Comment être le plus efficace possible pour apprendre le piano ?

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Version vidéo de l’article :

Ça y est, vous vous y êtes mis !

Vous êtes motivé pour apprendre le piano, ou pour franchir une étape supérieure.

Du coup, vous êtes gonflé à bloc, ultra motivé, rien ne pourra vous arrêter !

Puis, vous vous rendez compte que le temps passé ne donne pas forcément les résultats escomptés.

Comment être le plus efficace possible dans votre apprentissage ?

Combien de temps faut-il pour progresser au mieux ?

Au bout de combien de temps vos efforts ne seront-ils plus aussi productifs ?

C’est vrai qu’au début, vous avez l’impression de vraiment avancer, et au bout d’un certain temps, vous stagnez.

Connaissez-vous la loi de Pareto ? Vous savez, celle du 80/20 ?

C’est la fameuse loi (empirique) qui nous explique entre autres que 20% de vos efforts fournissent 80% des résultats.

Cette partie nous intéresse évidemment, mais c’est surtout la réciproque qui nous embête, à savoir que 80% de vos efforts ne donnent que 20% du résultat…

Cette loi s’applique au départ dans le monde de l’entreprise ou du marketing. Mais là, on s’éloigne du piano.

Mais pourquoi je vous parle de ça ?

Parce que j’ai envie, comme vous, d’être le plus efficace possible, et d’essayer d’appliquer cette loi à l’apprentissage d’un instrument.

Qu’est-ce qui prend le plus de temps au piano ? Qu’est-ce qui correspondrait à 80% de vos efforts ?

À mon avis, ce qui prend le plus de temps en tant que débutant, c’est :

  • le déchiffrage,
  • reprendre et reprendre encore le morceau au début pour le travailler,
  • la synchronisation des deux mains,
  • les doigts qui flanchent,
  • l’articulation,
  • regarder trop de différentes méthodes sur YouTube et s’éparpiller…

Rien qu’avec ces éléments-là, vous passez un temps très conséquent. Et à priori, tout cela est complètement indispensable (à part peut-être s’éparpiller sur les vidéos).

Voici la défi : comment travailler ces notions en étant le plus efficace possible, en perdant le moins de temps ? Comment transformer ces 80% en 20% ?

Pour le premier point, à savoir le déchiffrage, vous avez de la chance car j’ai déjà traité le sujet dans l’article consacré ici.

Vous y verrez plein de choses à faire pour déchiffrer. Vous croirez perdre du temps, mais vous le regagnerez plus tard.

Reprendre le morceau au début pour le travailler

C’est un gros défaut.

Le morceau fait 2 pages, et les élèves butent en haut de la deuxième. Que font-ils ?

Ils reprennent au début.

Cela ne sert à rien ! Vous perdez un temps précieux.

Reprenez uniquement le passage embêtant. Travaillez-le lentement, en prenant conscience de la position de chaque doigt. Pour être le plus efficace possible, concentrez uniquement votre travail sur les passages qui vous posent problème.

La synchronisation des deux mains

La coordination entre les 2 mains posera problème au début de votre apprentissage. Une fois que le principe est compris, en général cela va plus vite.

En fait, on croit toujours qu’il faut synchroniser 2 choses, la main droite et la main gauche. Mais à mon avis, il y a un troisième élément : la pulsation. Vous savez, celle que donne votre meilleur ami le métronome…

Et pourtant, c’est le plus important. Car vous devez caler chacune des deux mains par rapport à cette pulsation, et ensuite assembler.

Cela paraît peut-être évident, mais cela pose souvent problème.

« C’est bien beau tout ça, mais comment l’appliquer ? »

Tout d’abord, utilisez des repères visuels. Sur votre partition, faites des barres verticales symbolisant la pulsation. Vous y verrez plus clairement les notes à jouer en même temps que le métronome, et surtout celles qui tombent en même temps avec les 2 mains.

Par la même occasion, les notes à jouer entre les pulsations seront plus visibles.

Si vous jouez en accords, sans partition, commencez à taper vos accords en suivant le métronome. Et variez les rythmes et les vitesses ensuite.

Ensuite, effectuez un travail très très lent. Soyez propre, carré, et accélérer de manière très progressive.

Un bon exercice de coordination est de jouer des croches d’une main, et des triolets de croches de l’autre main.

Cela s’appelle jouer du 3 pour 2.

Vous comptez 1-2 pour une main, et 1-2-3 pour l’autre. Seul le 1 est commun aux 2.

Le secret ?

La deuxième croche tombe pile entre le 2 et 3 des triolets (voir vidéo à 4’45) :

Entraînez-vous, c’est un bon exercice. Inversez vos mains, ne jouez pas forcément sur le clavier mais en tapant sur vos genoux.
Et ayez une petite pensée pour nos amis batteurs qui doivent coordonner 2 membres supplémentaires !

Si vous voulez aller plus loin dans l’indépendance des mains, voici les 172 exercices en cliquant ici !

Passons maintenant au sujet qui fâche…

Il s’agit bien sûr de l’articulation et des doigts qui flanchent.

À mon avis, c’est le plus gros problème au piano. Celui qui nous fait passer un temps fou, des heures et des heures de travail technique.

Ce travail est super astreignant, et mettra votre réelle volonté à l’épreuve.

Et si c’était à refaire, comment ferais-je ?

Rien que dans cette phrase, il y a un problème. J’ai utilisé le passé. Or, ne vous faites pas d’illusion : ce travail sera à faire tout le temps, pour le reste de votre vie de musicien.

Car rien ne sera jamais acquis. Même si vous avez un certain niveau, il vous faudra l’entretenir constamment.

Tout d’abord, le travail doit être quotidien.

Il vaut mieux passer 10 minutes par jour qu’une heure le dimanche. Vous aurez ainsi plus de facilité de mémorisation, mais aussi un entraînement physique plus régulier.

Hé oui, je parle d’entraînement physique, comme celui d’un sportif !

Étant jeune, j’étais complètement nul en sport. Sur les bulletins, toujours les mêmes mots : « Bonne participation ».

Du coup, quand je parlais de musculation des doigts, ça faisait pas mal sourire mon entourage, connaissant mes grandes prouesses sportives.

Et pourtant…

Le travail de vos articulations est un travail physique. Vous le sentirez dans vos doigts. Vous le sentirez aussi dans vos avant-bras, et même parfois dans le dos.

Vous ne serez pas essoufflé comme un sportif, c’est sûr. Mais je vous assure qu’il vous faudra un mental et une volonté pour avancer. Et c’est elle qui fera la différence. Cette volonté qui explique à elle seule pourquoi les effectifs des écoles de musique baissent au fur et à mesure quand les niveaux augmentent.

Je m’éloigne un peu du sujet, mais vous devez savoir que même en étant le plus efficace possible, rien ne viendra tout seul. Je ne crois pas aux méthodes miracles.

Donc, même en lisant cet article, vous aurez du boulot. Mais tentons quand même d’être le plus efficace possible.

Je disais donc de pratiquer tous les jours, même si c’est pour une petite durée.

Maintenant, si vous avez le temps, le mieux est de pratiquer tous les jours pendant une longue durée. Mais rien n’est parfait.

Variez vos exercices

C’est l’une des choses qui m’a beaucoup manqué. En classe de piano, quand il fallait travailler une étude de Chopin, je n’avais pas forcément le temps pour autre chose. L’apprentissage était tellement long, qu’étudier une autre pièce en même temps aurait été difficile.

Or, rester sur la même chose des heures et des heures, jour après jour, semaine après semaine, provoque une certaine saturation. Et je suis certain de ne pas avoir été aussi efficace pendant les 10 premières minutes qu’au bout d’une heure trente sur le même passage.

Changez un peu d’air en jouant un morceau que vous connaissez déjà, ou en morceau plus facile, ou tout simplement un exercice technique qui ne demande pas de grande concentration.

Vous penserez un peu à autre chose pendant quelques minutes, et vous pourrez revenir à votre morceau l’esprit un peu plus clair. La tête dans le guidon, ça ne fonctionne qu’un temps.

Faites des pauses

Malheureusement, votre emploi du temps ne le permet pas forcément.

Le soir, vous rentrez du boulot, ou de classe si vous êtes plus jeune, et vous vous mettez à jouer.

Il est évident qu’en vous y mettant vers 19h, vous pourrez difficilement jouer 1h, faire une pause de 20 minutes, et vous y remettre.

Et pourtant, je pense qu’il est plus efficace de s’arrêter.

Bien entendu, cela ne veut pas dire de s’arrêter toutes les 10 minutes. Mais au bout d’une heure, une heure 30, c’est important.

Malgré tout ce qu’on vient de voir, vos progrès ne seront pas forcément constants.

Les courbes de progression typiques sont en général en forme de paliers.

Par moments, vous aurez l’impression de vraiment avancer. Et vous stagnerez à d’autres.

C’est dans ces moments-là qu’il faudra être patient. Car même si vous n’avez pas l’impression d’évoluer, vous êtes en fait sur un palier. Et une fois franchi, vous continuerez d’avancer.

Le jeu en accords

Un bon exemple d’efficacité est le jeu en accords.

Quand j’étais au collège ou au lycée, j’avais déjà pas mal d’années de cours de piano derrière moi, et je voyais des personnes qui commençaient à peine la guitare.

Ils apprenaient les accords, et en quelques jours seulement, ils arrivaient à jouer des morceaux entraînants, en faisant chanter et danser tout le monde.

J’étais en formation classique, et j’en étais bien incapable. J’en étais même assez frustré.

Malgré tout mon bagage de l’époque, impossible de jouer de cette façon.

Évidemment, je pouvais toujours prendre une partition d’un morceau pop-rock, mais cela n’est pas du tout la même démarche.

Et comme j’avais des notions d’harmonie classique (chorals de Bach), j’ai recherché des correspondances avec les accords de guitare, en plus de me mettre à la guitare.

À l’époque, dans les années 90, il n’y avait pas d’Internet, et forcément pas de tuto en ligne.

Et j’ai joué en accords. Le résultat est assez rapide au début, en tout cas plus rapide qu’une étude de Chopin !

Le jeu en accords vous permettra donc de jouer assez rapidement des morceaux. Les principes seront utilisables pour beaucoup de chansons, comme les guitaristes rythmiques qui chantent autour d’un feu de camp.

MAIS ATTENTION !

Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Ce n’est pas miraculeux non plus !

Une fois les accords de base maîtrisés, vous pourrez vraiment jouer beaucoup de choses, avec un déchiffrage rapide.

Mais si vous voulez progresser encore, ou jouer du jazz par exemple, il faudra pousser plus loin votre étude. Et croyez-moi, cela se complique !

Je reviens à mon guitariste débutant au coin du feu.

Certes, il savait mettre l’ambiance, et jouer beaucoup de choses rapidement. Mais il n’avait aucune notion théorique de ce qu’il jouait. Il n’avait pas non plus beaucoup de technique, mais quand même de bonnes rythmiques.

C’est un peu comme conduire une voiture sans être mécanicien. J’avance, mais je ne connais pas le fonctionnement du moteur.

Maintenant, si vous voulez être pilote de course, j’imagine qu’il sera nécessaire d’apprendre un minimum de mécanique pour mieux comprendre les réactions du véhicule. J’espère ne pas dire de bêtises, car je n’y connais absolument rien en course automobile !

Jouer en accords devrait vous donner des résultats assez rapides, mais sachez qu’il sera toujours possible de pousser plus loin en fournissant les fameux 80% d’efforts supplémentaires.

À vous de jouer,

Bon courage !

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Cet article a 6 commentaires

  1. Seguin

    Super, très bons conseils.

    1. Ludomus

      Bonjour,
      Merci beaucoup !
      À bientôt

  2. Vabre

    Excellent diagnostic et excellents conseils.
    Merci

    1. Ludomus

      Bonjour,
      Merci beaucoup ! J’espère que ces conseils vous aideront.
      À bientôt !

  3. Catherine

    Merci Ludo. Je vais suivre tes conseils.
    Juste un conseil supplémentaire : lorsqu’on réussit un passage difficile, on a tendance à se réjouir en se disant : « c’est gagné ! » et bien non.
    Voilà pourquoi j’ajouterais le conseil suivant : répétez jusqu’à ce que le passage soit réussi 3 fois de suite SANS Faute. Là, on peut se dire que c’est presque gagné.
    Encore un autre : la détente. Pause : très bien, je ne le faisais pas. Mais quand on joue, il est important de surveiller la décontraction des épaules surtout, la bonne tenue.
    Enfin, pour le déchiffrage : ne pas lire les notes une à une en « absolu » (la do par exemple sur les interlignes clé de sol) mais lire en relatif : tierce montante.
    Là, j’arrête. Encore merci Ludo et à bientôt.
    Catherine

    1. Ludomus

      Bonjour,
      Je suis complètement d’accord ! Il faut réussir plusieurs fois consécutivement avant de passer à la suite.
      Il y a quelque chose d’également très efficace : reprendre les passages difficiles le plus souvent possible.
      Merci pour toutes ces remarques.
      À bientôt !

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