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Comment construire vos solos de piano ?

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Marre, marre, marre !

Vous voulez jouer votre propre musique, et vous exprimer à travers vos propres solos ?

Problème : comment démarrer ? Quelles notes jouer ?

Vous avez peut-être commencé à pianoter quelques notes sur votre clavier, mais vous vous êtes rendu compte qu’enchaîner des plans ne suffisait pas.

Vos solos ont besoin d’être construit, de suivre une structure.

Je vous propose d’écouter nos amis guitaristes.

Pourquoi parler de solos de guitare dans un article sur le clavier ?

Tout simplement parce qu’il faut bien avouer que nos amis gratteux sont quand même maîtres dans l’art de concevoir des solos inoubliables, de ceux que nous connaissons quasiment à la note près. C’est bien sûr une histoire de culture et de goût personnel, mais il y a tant de solos d’anthologie à la guitare…

Voici les premiers qui me viennent à l’esprit : Child in time, Highway star, Stairway to heaven, Hotel California, Comfortably numb, Another brick in the wall (part. 2). Oui, excusez-moi, je suis un puriste de Pink Floyd, je ne dis pas simplement The Wall, qui est, lui, le titre de l’album…. Évidemment, il y en a d’autres, mais ceux-ci devraient nous suffire pour illustrer notre propos.

Voyons ce que ces solos de guitare peuvent nous apprendre au piano.

La principale règle, je dirais, et de gérer la montée en intensité. Si vous démarrez tout de suite à toute blinde, vous ne pourrez pas aller plus loin. Vous serez bloqué, et tout ce que vous pourrez ajouter ensuite sera fade. Votre solo tombera à l’eau.

Comment monter en intensité ?

Par exemple en partant du médium en allant progressivement vers les aigus.

C’est là l’une de mes plus grosses erreurs de débutant lorsque j’ai commencé à improviser.

Tout de suite, je partais dans le suraigu pour marteler mon clavier.

Plusieurs raisons à cela. Je vous donne le contexte.

Vous jouez en groupe, et ça y est le deuxième refrain se termine. C’est souvent là qu’il y a un solo, ça va être à vous.

Le chanteur vous regarde, c’est votre tour. Le public l’a bien compris, on attend votre morceau de bravoure. Et là, vous voulez mettre la patate tout de suite pour ne pas décevoir.

Comment faire ?

Il faut qu’on vous entende par dessus tout, et la plage de fréquence la moins utilisée se trouve justement dans les aigus. Du coup, vous vous y engouffrez.

Mais que ferez-vous ensuite ?

  • Vous y restez ? Ça va être lassant, et à la longue le suraigu va casser les oreilles de notre auditoire.
  • Vous redescendez ? Vous allez radicalement changer la tournure de votre solo et vous perdrez en cohérence et en intensité.

Démarrez donc dans le haut médium, avec un plan pas trop compliqué mais efficace. Vous pourrez monter dans les aigus si vous le souhaitez, en amenant votre propos, ou votre super riff dévastateur. Si vous savez déjà quel est ce plan, cela peut vous être très utile car vous savez où vous allez, et votre job sera de l’amener progressivement.

Seconde erreur : le débit du notes !

Grosse erreur.

Ne démarrer pas à fond de technique tout de suite ! Vous allez vous épuiser et il sera difficile de maintenir la cadence.

Surtout si vous êtes en début de concert, vous risquez une fatigue musculaire si vous donnez tout tout-de-suite.

Cherchez plutôt des phrases musicales simples mais bougrement efficaces pour un début de solo. Vous pourrez toujours augmenter la cadence durant votre progression.

Ceci dit, il y a des exceptions, surtout dans certains styles de musique. Il arrive qu’il y ait beaucoup de notes en début de solo. Dans ce cas, il vous faudra être sacrément endurant pour maintenir la cadence, et de l’inspiration pour faire évoluer votre solo crescendo.

Le méga riff de tueur de la fin…

Vous êtes à la fin, soignez votre apothéose !

Les solos de guitare dont je parlais au début de l’article l’ont tous en commun.

Le bouquet final !

Si vous ne vous sentez pas capable d’en trouver un pendant votre improvisation, vous pouvez toujours le définir au préalable et faire ce qu’il faut pour y aboutir. Mais dans tous les cas : ça doit déchirer !

Nous sommes bien à la fin du solo. Imaginez à quoi ressemblerait Hotel California si le solo commençait par les fameux arpèges à 2 guitares ? Ou Highway Star avec ses montées sur 3 notes dès ne début ? Ou encore la fameuse montée vers les aigus de Comfortably Numb ?

Je me répète peut-être, mais c’est vraiment important.

… suivi d’une petite phrase pour terminer.

Parce qu’il vous faudra le conclure, votre solo. Et que tout le monde le ressente comme tel. Le point final.

Par exemple, les dernières notes du solo de Stairway to heaven et de Child in time sont extrêmement claires : c’est la fin. Elles indiquent même aux autres membres du groupe un signal pour passer à la suite. Pour les Comfortably numb et Another Brick In The Wall (part.2), c’est encore plus clair car nous sommes aussi en fin de morceau.

Mais alors, faut-il tout écrire avant ?

Attention !

Planifier une structure n’est pas forcément écrire votre solo à l’avance. Vous êtes bien sûr libre de le faire, mais tentez de développer votre improvisation. À force, vous comprendrez de mieux en mieux les propos de cet article, car vous pourrez observer les réactions du public suivant ce que vous jouez.

Si vous avez peur de ne pas avoir assez d’inspiration, ayez en mémoire quelques plans que vous pourrez toujours caser en cas de secours, et improvisez autour.

Encore autre chose ?

Autre chose importante : soyez clair dans votre jeu. Si vous jouez en groupe, les autres membres doivent sentir ce que vous faites afin de mieux vous accompagner. Si vous mettez une patate du diable et que le reste du groupe n’a pas bougé d’un iota dans ses nuances, cela crée un décalage, et je vous assure que cela se sent très fortement. C’est une des choses qui montre le manque d’expérience d’un groupe.

Nous sommes des musiciens, pas des robots.

Quand un solo est raté, que vous avez terminé et que tout le monde vous regarde en vous demandant quand cela se termine, je vous assure que c’est un petit moment de solitude dont on se passerait bien.

« Bon, ben il ne joue plus. Ça doit être fini… On enchaîne ? »

Soyez le plus clair possible.

À force, vos partenaires comprendront aussi votre jeu et certains vous surprendront peut-être. Par exemple, je suis toujours surpris quand mes batteurs préférés envoient une pêche sur une note que je marque moi-même, sans dire un mot, sans même un regard. À force, on vous voit venir.

Ça fait partie de mes moments préférés.

Autre méthode pour les longs solos : la cassure

Vous voulez avoir le temps de vous exprimer ? Faire un solo très progressif ?

Dans ce cas, vous pouvez rapidement dans votre solo faire une cassure.

Il s’agit de nuancer votre jeu, en jouant très calmement, de manière très contrôlée. Soit votre cassure est franche, et dans ce cas elle doit être forcément anticipée avec les autres membres du groupe, soit vous l’amenez en jouant de moins en moins fort.

Et là, vous avez un boulevard devant vous.

Faites monter la sauce !

Attention quand même : n’en abusez pas. Si vous le faites à chaque fois, tout le monde se lassera.

Combien de tours ?

Voici une chose qui me posait problème.

Dans un des groupes auquel je participais, mes solos étaient très souvent improvisés, mais on m’imposait un nombre de tours.

Vous voyez de quoi je parle ?

Par exemple 2 tours de 12 mesures de blues ou 2 refrains instrumentaux.

Comment voulez-vous faire monter la sauce de manière improvisée en limitant le nombre de tours ?

Cette durée vous obsède, elle ne tient absolument pas compte des réactions du public, ou de votre capacité du moment. Surtout sur des cycles courts.

« Il me reste qu’un tour… Je dois mettre la patate tout-de-suite… Je n’ai pas le temps d’amener mon riff… Mer.., c’est fini… Je n’ai pas eu le temps de boucler… »

Je vous assure que c’est hyper frustrant.

Évidemment, il faut compter de temps-en-temps, mais sur certains morceaux, demandez d’être totalement libre de la durée de votre solo.

Et les solos de clavier, alors ?

Voyons maintenant (enfin me direz-vous !) quelques solos d’anthologie au clavier.

Les premiers qui me viennent à l’esprit sont :

  • Great balls of fire, de Jerry Lee Lewis
  • Light my fire, de Manzarek des Doors
  • Highway star, de Jon Lord de Deep Purple. Oui, ENCORE HIGHWAY STAR, on est fan ou on ne l’est pas !

Une fois de plus, ce sont les premiers qui me viennent à l’esprit. Et ça tombe bien car ces exemples sont complètement différents.

Voyons si ces solos possèdent les caractéristiques de ceux de nos amis gratteux.

Le solo de Great balls… commence sur un petit plan rock simple mais super efficace. Puis on monte vers les aigus, avec des glissando sur le clavier.

Ce genre de chose plaît énormément au public, vous pouvez me croire.

Puis, une montée en octave dans les aigus qui aboutit sur un martèlement puissant dans les aigus. Et enfin quelques petites notes pour enchaîner sur le « kiss me baby ».

Contrat rempli.

Light my fire est beaucoup plus progressif.

Long solo sur une basse obstinée. Il commence par un petit plan sympa. Le développement est long, mélodique. Ici, on ne compte pas le nombre de tours !

Crescendo pour finir en apothéose sur des triolets avec le batteur. Enfin, une petite phrase de conclusion qui annonce le tour de la guitare.

Contrat rempli. (bis)

Sur Highway Star, pas facile de faire un solo après celui d’anthologie de Ritchie Blackmore. Et pourtant. Jon attaque avec des plans dans les médiums, et développe son solo jusqu’à son paroxysme. À ce moment, la grille change. La structure est donc bien définie au départ. Et une petite conclusion pour finir.

Contrat rempli. (ter)

Seul ou en groupe ?

J’ai beaucoup parlé de musique en groupe, mais les conseils s’appliquent aussi si vous êtes seul. Le piano présente cet avantage.

Dans tous les cas, soyez très expressif, et marquez les nuances afin de bien reconnaître les éléments dont nous avons parlé.

C’est bien beau tout ça, mais quelles notes jouer ?

Parlons maintenant de ce que vous pouvez utiliser concrètement dans vos solos. Quelles notes pouvez-vous jouer ?

Les idées viendront en pratiquant, mais il faut bien partir de quelque chose !

Je vous donne quelques points de départ que vous aurez le loisir de développer dans votre jeu :

  • sans instrument, apprenez à fredonner des mélodies, à improviser en chantonnant ou en sifflant. Cela vous habituera à déclencher votre inspiration. Ensuite, il vous faudra faire progresser votre oreille pour transformer ces mélodies en notes à jouer sur votre instrument. Je n’aime pas penser en tablature. Faites l’effort de connaître les notes que vous jouez, et cela viendra avec le temps. Je connais chaque note que je vais jouer dans un solo, la mélodie me viens directement avec les notes. Je chante les notes dans ma tête.
    Désolé, je suis pour le solfège… Faites votre choix. Mais s’il y avait mieux sans effort, ça se saurait…
  • Utilisez les notes de la gamme. Si votre morceau est en Mi majeur, vous pouvez broder sur les notes de la gamme de Mi majeur. Petit conseil : commencez par jouer des notes conjointes, c’est-à-dire des notes voisines les unes des autres.
  • Utilisez les notes de l’accord sur lequel vous vous situez. Si vous êtes sur un accord de Do, vous pouvez les notes do, mi et sol. Cela sonnera forcément juste.
    Pour avoir des explications sur les accords et comment ils se forment, téléchargez le cours gratuit en cliquant sur le formulaire ci-contre.
  • Utilisez les notes de l’accord en arpège. Il est très pianistique de jouer les notes de l’accord les unes après les autres. Par exemple, sur un accord de Sol, jouez les notes sol, si et ré les unes après les autres, dans l’ordre que vous voulez, souvent avec la pédale de sustain le temps de l’accord. Vous pouvez doublez les notes, c’est-à-dire utiliser un sol et le sol à l’octave au-dessus.
  • Utilisez des notes de passage. Vous pouvez utiliser des notes de la gamme afin de passer d’une note de l’accord à une autre. Cela enrichira votre jeu.

Vous voyez ?

Vous aviez peut-être des difficultés à construire vos solos, à trouver quoi jouer.

Maintenant, vous savez comment les structurer, et en plus vous avez des idées quant aux notes à jouer.

Rien qu’avec ces notions-là, vous avez une infinité de solos possibles. Bien sûr, ce sont des points de départ à creuser et compléter avec le temps.

Pour commencer, écoutez des solos de tout instrument, fredonnez, apprenez à coller des notes à ce que vous chanter.

Une bonne manière de commencer est d’utiliser des playbacks. Cela vous permettra de soloter sans vous préoccuper de la section rythmique.

Un dernier point : NE VOUS DÉCOURAGEZ PAS !

Vos premiers solos ne seront peut-être pas extraordinaires, truffés de fausses notes.

ET ALORS ?

Cela s’affinera avec le temps. Exactement comme vous avez appris à parler étant enfant.

C’est parti : à vous de jouer !

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Cet article a 2 commentaires

  1. Boris thibaut

    Merci beaucoup j’apprécie énormément tes vidéos et ça m’aide beaucoup pour mon apprentissage au clavier.

    1. Ludomus

      Merci beaucoup ! Je suis heureux de l’apprendre.
      Bon courage pour la suite !

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